CHEQUE SANTE

CHEQUE SANTE (4)

Débuté le 5 mai 2014, le chèque Santé a fait son bout de chemin et déjà au 31 décembre 2015, quelques chiffres parlaient d’eux-mêmes. Avec un objectif annuel fixé à 16000 chèques, 9175 ont été vendus, soit plus de la moitié. La région de l’Extrême Nord s’en sort avec la palme d’or des ventes soit 3881 chèques, suivi de l’Adamaoua avec 3256 et le Nord avec 2038. A cela, il faut également ajouter 29591 prestations dont 14333 CPN. Au titre des accouchements, il est à noter que 4067 accouchements ont été réalisés. Avec 385 cas compliqués, 84 césariennes, 1970 CPON NN, 1695 CPON mères, 286 complications postpartum, 463 cas référés et 143 cas d’accouchements accompagnés par les matrones référentes communautaires, le chèque Santé se dévoile comme une véritable matrice dont l’importance n’est plus à démontrer.

A cet effet, les conséquences qui ressortent ne peuvent être que positives et pédagogiques, à travers tous les enseignements qu’on peut en tirer. Tout d’abord, il y a une accessibilité globalement bonne par le personnel de santé, variable au niveau des populations et des régions. Ensuite, il y a un changement visible dans les habitudes étant donné les lenteurs observées dans la maitrise des procédures ou encore de la tarification et de la facturation. Mais ce qui apporte une satisfaction totale dans cette évaluation c’est de savoir qu’au demeurant, il y a moins de décès de femmes et de nouveau-nés avec le chèque Santé. Cela est d’autant plus remarquable dans la mesure où, grâce à certains niveaux d’utilisation de certaines prestations avec ou sans chèque, les informations sur l’effet potentiel de ce dernier sont retentissantes. C’est dire qu’une certaine opinion accorde déjà un meilleur avenir à cette manne qui donne de l’espoir à toutes futures mamans avec ou sans moyens.

Encore appelé bon d’achat ou Voucher, le chèque santé est une aide financière aux femmes à faibles revenus. Les coûts liés à l’accouchement pour la maman et éventuellement à la prise en charge du nouveau-né en cas de complication ne sont pas toujours  à la portée de tous. Le CS apporte une aide substantielle à travers un mécanisme de prise en charge. Il s’agit pour lui de subventionner des soins liés à la grossesse, à l’accouchement et à la prise en charge des nouveau-nés. Trois étapes non négligeables qui sont à la base de la mortalité maternelle, néonatale ou infantile. Sujet très préoccupant au Cameroun, la mortalité maternelle et néonatale a amené Le gouvernement à mettre en place une stratégie sectorielle du secteur de la santé.

Le CS se justifie donc par le fait que le besoin est urgent dans le sens de l’amélioration en termes de disponibilité, d’accès d’utilisation et de qualité des soins obstétricaux et néonataux. C’est dans cette dynamique que des accords ont été signés dans le cadre de la  coopération avec les partenaires pays à l’instar de la France et de l’Allemagne, avec l’objectif de mettre en place  dans le cadre du SWAP, un Programme Conjoint pour satisfaire la « demande » de la population camerounaise dans ce besoin suscité. 

Il a démarré le 5 mai 2014 et a pour Maitre d’œuvre le groupement CIDR/CARE Cameroun. Pour une durée de 42 mois dont 6 de préparation et 36 de mise en œuvre, il se déploie dans l’Extrême-Nord, le Nord et l’Adamaoua d’une manière particulière, mais pourrait s’étendre sur toute l’étendue du territoire. 

Le CS se présente comme une transition entre l’absence de système de partage de risque lié à la maladie et une couverture substantielle de la population par des mutuelles de santé. Ainsi, il coûte 6000 FCFA pour une prise en charge estimée à 60000 FCFA. Il s’obtient notamment dans les FOSA, chez les revendeurs tels que les référents communautaires, les agents de santé communautaires et les revendeurs privés. Ce prix traduit la volonté du gouvernement d’aider toute femme dès qu’elle est enceinte. Cependant, il peut également être acheté par le mari ou tout autre membre de la famille, toute autre  personne physique ou morale y compris les collectivités territoriales décentralisées, les mairies, les organisations (tontines, mutuelles, associations, ONG, etc.) 

Avec une durée de validité de 365 jours à compter de la date de sa mise en service dans une structure sanitaire, il faut néanmoins noter que les cas d’interruption de grossesse volontaires ou involontaires et de décès annulent automatiquement le chèque. Toutefois, un CS perdu ou abimé avec déclaration est remplacé moyennant 1000 FCFA. 

Tout ceci vise et contribue à réduire considérablement la mortalité maternelle, néonatale et infantile en agissant principalement sur le retard dans la décision de rechercher les soins, le retard dans la réalisation de ces soins, et le retard dans la réception même des soins.

Réduire la mortalité maternelle et néonatale : Une priorité humaine, sociale et économique qui a poussé le gouvernement camerounais et ses partenaires à se pencher sur la question et en déterminer le cas échéant, les mesures nécessaires à adopter. 

Cela dit, le CS a pour objectif de réduire les barrières financières d’accès aux soins obstétricaux et néonataux, améliorer la qualité des soins à travers un système d’achat des prestations à un juste prix. 

À cet effet, il donne droit à un ensemble de prestations liées au suivi de la grossesse, à l’accouchement et à la santé de l’enfant jusqu’à un an dans un réseau de formations sanitaires accréditées. A propos de ces prestations justement, on pourrait en relever une demi-douzaine à savoir : les consultations prénatales, les pathologies en rapport avec la grossesse, les accouchements eutociques, les soins obstétricaux, le transport/évacuation vers les centres de référence et la consultation postnatale incluant le planning familial. Mais il est important de préciser que tout ceci ne trouvera de sens que si une équipe prête à intervenir est disponible. C’est pourquoi la mise en œuvre d’une telle entreprise requiert la participation du personnel de santé et de la communauté dans son ensemble en passant les FOSA, les matrones référentes communautaires et les chargés de transport en cas d’urgence.

Au regard de toute cette organisation à l’image d’une ruche, il apparait fort opportunément que le CS est proposé et vendu à toutes les femmes désireuses de « couvrir les coûts de leur accouchement, y compris les coûts « catastrophiques » liés à des complications obstétricales éventuelles, et « couvrir » les coûts des urgences éventuelles nécessitant une hospitalisation. Il s’agit d’assurer un accouchement gratuit à la femme et pour le cas d’espèce, une hospitalisation de son enfant. L’avantage n’est plus ici à démontrer tant il est vrai qu’elle n’aura qu’une modique somme comme participation personnelle à apporter. C’est une aubaine non négligeable.

Partenaires